LE LIVRE DES MIRACLES chez Taschen: Astres et Désastres, une inspiration éternelle.

THE BOOK OF MIRACLES par Till-Holger Borchert et Joshua P. Waterman, éditions TASCHEN, 99 E.

La récente mise à jour d'enluminures du XVIème siècle représentant des phénomènes miraculeux: météorites, monstres... est aussi une découverte de la Renaissance. Grâce aux éditions TASCHEN, nous avons accès au fac-similé du manuscrit d'Augsbourg, issu de la collection Mickey Cartin. Un manuscrit achevé en 1552. Et un témoignage de l'intérêt pour les présages envoyés par le divin dans une Europe croyante voire superstitieuse.

Rappelons que les Romains réputés réalistes, étaient déjà très attachés eux aussi à l'herméneutique, par conséquent aux prodiges. Ceux-ci étaient d'ailleurs consignés dans les annales conservées par le collège des pontifes à Rome, et étaient pris au sérieux par les sénateurs. L'historien Tite-Live(59 av. JC/ 17 ap. JC) répertorie des éclipses, des averses de sang et des curiosités, avec méticulosité.Outre cet héritage antique, l'Ancien et le Nouveau Testament ne sont point avares de signes et de miracles!

Plus près de nous, dans un genre parfois ostracisé, l'écrivain James Blish, l'intellectuel de la science-fiction américaine des années 60, utilise la démonologie et la monstruosité dans Pâques noires, un roman publié en 1968. La magie, dans Pâques noires, n'a rien de délirant. Le magicien blanc n'imagine pas de tirer un horoscope sans consulter les satellites météorologiques auxquels il est relié par télévision. Quant au magicien noir, c'est dans un palazzo qu'avec une précision de PDG, il note ses commandes et calcule son chiffre d'affaires.

     Ce cynisme séduit un homme tel que Baines, magnat du trafic d'armes, qui vient s'assurer les services du sorcier. Baines est à la tête d'un trust mondial, dont les activités sont en crise. Car qui dit armes dit guerres et, depuis l'invention de la bombe atomique, les puissances nucléaires sont muselées. Baines, qui aime son métier, ne saurait se contenter des conflits que sa société fomente dans les régions peu évoluées du globe. Il est venu demander au sorcier d'entreprendre pour son compte un miracle! Lâcher des puissances infernales sur terre!

     Le sorcier accepte, et invoque le concours de ses familiers. Livrés à eux-mêmes, que vont faire les démons ? Et regagneront-ils docilement leur bercail à l'aube, comme le veut la tradition ?

     Cette histoire, James Blish la raconte avec un humour très anglosaxon, et surtout avec un réalisme qui fera courir des frissons glacés entre les omoplates des plus agnostiques.

En feuilletant le Livre des Miracles, chacun songera que la longue histoire de l'humanité a comporté bien des apocalypses et toujours oscillé entre rationnel et irrationnel. Selon l'ésotérisme, chaque fin d'époque est précédée d'un âge noir, de l'obscurcissement du sacré, de mutations que l'on cherche à matérialiser sous forme de signes.