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Fabienne Leloup : Symboles et analogies
5 mai 2013

MARK RYDEN, L'INQUIETANTE ETRANGETÉ MADE IN USA

cover_su_mark_ryden_foto_1210080938_id_495365http://www.taschen.com/pages/fr/catalogue/art/all/04997/facts.mark_ryden_pinxit.htm

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Hier soir, avait lieu la signature du dernier livre de Mark Ryden, PINXIT, aux éditions Taschen, rue de Buci. Une foule se pressait pour se faire dédicacer l'ouvrage de l'artiste américain, surnommé le "Walt Disney déjanté" du XXIème siècle. Pendant des années, dessinateur de publicité, Mark Ryden émerge en 1991, en dessinant la pochette de Michael Jackson, "Dangerous". Le voilà lancé.

Son univers recycle des références littéraires à Lewis Carroll, aux contes de fées... mais aussi des références picturales à Jérôme Bosch, aux peintres surréalistes... sans oublier les symboles chrétiens ou américains comme la figure du président Lincoln. D'ailleurs on peut dire que sa peinture est syncrétique, tant sur le plan des sujets (petites filles à la tête surdimensionnée; animaux monstrueux; accessoires de roman victorien) que technique: le peintre multiplie les techniques et jongle avec. L'infographie, le numérique mais aussi l'huile, la gouache, le pastel, l'aérographe.

Le malaise ne naît pas forcément des images, mais plutôt de leur herméneutique. Walt Disney glissait un message maçonnique dans ses "cartoons". Les surréalistes s'insurgeaient contre la pensée cartésienne et voulaient explorer la part de rêve en chacun de nous. Quel est le message des toiles, des dessins de Mark Ryden?

Cela me fait penser à une nouvelle extraordinaire de Daphné Du Maurier, intitulée "Ne regarde pas tout de suite", où John, un Anglais, venu à Venise pour consoler son épouse Laura du décès brutal de leur petite fille, se méfie de deux vieilles femmes qui prétendent être en contact spirite avec elle. Son attention est tellement concentrée sur ces personnages bizarres qu'il ne prête pas attention à une rumeur: un dément hante les ruelles de Venise et tue sur son passage. Simplement la police n'a pas identifié le serial-killer. Égaré dans une venelle, John entend des pleurs et aperçoit une petite fille perdue. Il veut la protéger du tueur qui rôde dans les parages:

"- Tout va bien... n'aie pas peur, haleta-t-il en tendant la main et s'efforçant de sourire;

Quand la fillette se remit debout pour venir se planter devant lui, le capuchon de la pèlerine glissa, en arrière, découvrant sa tête. Et John la regarda, sidéré, incrédule, en proie à une horreur qui se muait en peur. Il ne s'agissait pas d'une fillette, mais d'une naine trapue, haute d'un mètre environ, avec une tête d'adulte trop grande pour son corps, des cheveux gris pendant sur ses épaules. Elle ne sanglotait plus, mais le considérait en ricanant et hochant doucement la tête.

Il entendit alors des pas précipités sur le palier, les aboiements d'un chien et l'on se mit à marteler la porte à coups de poing tandis que non pas une, mais plusieurs voix, criaient: "Ouvrez! Police!"

Fouillant sous sa pèlerine, la créature brandit un couteau et se jeta sur John avec une hideuse force, lui transperçant la gorge".

La mort a peut-être les traits d'une créature mal finie chez Mark Ryden. Pinxit. Il a peint les ratés de l'Incarnation.

 

Incarnation by Mark Ryden

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